Laure DAUMESNIL, Associée-gérant chez SELESTIM

Quelles sont les principales évolutions qui marquent votre secteur d’activité cette année ? 

Nous observons une certaine panique budgétaire, doublement expliquée, d’une part avec la révision des dépenses passées et futures en matière de ressources énergétiques et d’autre part, par les audits des immeubles, à visée de projections non reportables de travaux à engager.

A cela s’ajoute les mises en vente des biens en bas de classement DPE, par des propriétaires désireux de vendre avant le vote des travaux individuels ou collectifs. Lorsque, de plus, les loyers sont plafonnés, nous nous trouvons face à des copropriétaires, trop habitués à leur rentabilité immédiate pour accepter qu’un immeuble se revalorise par sa qualité de rénovation ou d’entretien.

Il appartient aux acteurs de remettre en perspective la propriété d’un bien et sa valeur dans la durée.

Face à ce constat, nous avons opté pour une tenue des budgets et statistiques d’évolution en temps réel, sur le mode des budgets d’entreprises, que nous pratiquons en qualité d’administrateur de biens.

De même, nous capitalisons sur la valeur patrimoniale et le maintien d’une valeur dans le temps. Une copropriété valorisée aura plus d’attrait qu’un bâti rénové à l’économie.

Notre difficulté réside dans la recherche de prestataires qualifiés et disponibles.

Quelle est votre vision à long terme de la copropriété durable ?

L’habitat durable est un habitat bien conçu, bien agencé, à base de matériaux et ressources optimisées issues majoritairement de l’écosystème dans lequel se trouve le bâti concerné. Il doit pouvoir être rénové sans ajout de ressources nocives, dans le respect de la qualité architecturale du bâti d’origine. Nous sommes ainsi particulièrement dubitatifs devant des façades actuellement enrobées de polystyrène étanches à toute respiration et propice aux sujets futurs de condensation par humidité intérieure.

Une copropriété durable ajoute en plus la notion d’usage par les résidents, des ressources mises à disposition : à commencer par la gestion de l’eau – récupérée ou non, l’énergie – le sujet est autant d’actualité – et la gestion des déchets dans les limites des normes d’hygiène. Un assortiment de règles de savoir-vivre pourrait compléter le règlement de copropriété avec quelques rappels de bon «usage des lieux » tant à destination des propriétaires que des locataires ou visiteurs ponctuels.

En allant plus loin, une concertation en vue de négocier des prix en volume, peut conforter les investissements à visée « durable », particulièrement dans les immeubles locatifs où les propriétaires se soucient peu de la qualité des rénovations proposées : fenêtres, radiateurs en priorité.

L’investissement durable peut s’envisager également sous l’ange social par l’intégration de solutions collectives, lorsque les immeubles le permettent : à l’instar de nos pays voisins, nous devrions réfléchir aux salles de réunion de télétravail, laverie et séchage en sous-sol, voisine des chaufferies, arrosage des espaces verts avec la récupération des eaux de pluie à minima, escaliers plus conviviaux face aux ascenseurs-rois, etc.

Quel est le service que vous souhaitez mettre en valeur au salon ?

Nous nous inscrivons dans une démarche éco-responsable, depuis l’organisation de la société jusqu’à l’étude de projet des copropriétaires pour leurs immeubles en passant par le choix des prestataires référencés.

Dans ce contexte, nos efforts portent spécifiquement sur les conseils et la conduite de projets thématiques par immeuble : à partir des audits ou constats, nous déployons un cahier des charges travaillé avec le Conseil Syndical en vue de solliciter les prestataires que nous estimons adaptés à la demande. L’aspect financier, aides, subventions, financements associés, est anticipé et permet d’ajuster les devis proposés dans la mesure du possible vers des choix les plus qualitatifs possibles.

Compte tenu de la quantité de travaux à projeter dans les immeubles, nous préférons doser un voire deux chantiers par an, prioriser puis étudier que de d’inscrire à chaque Assemblée, tous azimuts, une masse de devis cumulative.

Notre différence porte ainsi sur la tenue de plusieurs assemblées annuelles et/ou réunions thématiques, et la réserve de l’Assemblée générale annuelle aux votes d’usage. Notre enjeu, c’est un taux de participation et d’intérêt maximal, compréhension et donc d’adhésion harmonieuse des copropriétaires.

Tout ceci s’inscrit dans la durée, gage de sérénité et de fidélisation.